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Le chamanisme

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Message par drakaon Dim 16 Avr - 14:47

Chamanisme ou shamanisme (shaman, du toungouse : celui qui est bouleversé, transporté).

Système de pratiques magiques (symboliques, spirituelles) répandu surtout dans les sociétés traditionnelles sibériennes, dont elles constituent la "religion" (du latin religere : se relier) exclusive. Le Shamanisme réunit les choses, au lieu de les séparer. L'enseignement est donné par les esprits. Le praticien voyagera dans Monde Non-Ordinaire, comme un grand arbre, entre le Monde d'En-Bas ( les racines ), Monde du Milieu ( le tronc ) et Monde d'En-Haut ( le feuillage ).

On observe des pratiques analogues chez de nombreux peuples, à commencer par les Mongoloïdes, qui seraient tous originaires de Sibérie. Une autre culture ou le chamanisme etait présent et tente de survivre dans la modernité est celle des Indiens d'Amérique du Nord. Le Chamanisme amérindien d'Amérique latine reste vivant, notamment les pratiques thérapeutiques liées à l'Ayahuasca, étudiées avec intérêt par des thérapeutes contemporains (cf. le documentaire "Autres Mondes" de Jan Kounen).
Le chamanisme est la spiritualité la plus ancienne connue. Depuis quelques années, des paléontologues considèrent que certaines peintures pariétales de l'Europe (transformations d'hommes en animaux) représenteraient des scènes et des symboles de type chamaniques et seraient liées à ces rituels.
Le chamanisme est toujours vivant, y compris dans les sociétés occidentales modernes.
Ethnologie et chamanisme

La catégorie "chamanisme" pose problème aux anthropologues. Que peut-on appeler chamanisme, quand on utilise ce terme tant pour parler des pratiques des Toungouses que de celles des urbains européens ? Pour répondre à cette question, il faut revoir l'histoire du mot et ce qu'elle implique.

Le terme « chamane » est introduit au XVIIIe siècle et emprunté au toungouse (Sibérie) par l’archiprêtre Avvakum. Roberte Hamayon (La chasse à l'âme, 1990) caractérise le chamanisme de Sibérie ainsi : il s’agit d’une « procédure de médiation, rudimentaire et bonne à tout faire supposant une conception spécifique de l'homme, du monde et de la société » ainsi que de leurs relations. La notion d'échange est au cœur de la pensée chamaniste : surtout il existe un lien fondamental entre la chasse, l’alliance et le chamanisme ; ainsi, elle propose que le chamanisme en soi s'enracine dans la vie de chasse, en raison d'un rapport de nécessité fondé sur ce qui semble caractériser le chamanisme au niveau le plus général : la gestion de l’aléatoire. Celle-ci se réalise par un échange avec les esprits, lors de la transe.

Le chamanisme est donc une conduite, une efficacité, une technique, à restituer dans le tout de la société. Il remplit une fonction d'adaptation à des situations démunies et difficiles, par sa souplesse, son pragmatisme (contrairement aux religions instituées), et par sa disponibilité.

Les traits essentiels du chamanisme sont : l’alliance avec les esprits de la surnature, le voyage de l'âme, la gestion de l’aléatoire par le rapport entre chamane et esprits, mais aussi la fluidité, car le chamanisme n’est pas quelque chose de figé puisqu’il intègre.
L’institution chamanique dépasse largement la région sibérienne. Tous les continents sont touchés et on assiste aussi à des mouvements new-ageux en Amérique du Nord, en Europe et en France, avec l’émergence d’un néo-chamanisme.

Si on prend le terme chamanisme stricto sensu dans le sens toungouse, alors son champ est fortement limité et ne s’étend plus qu’à cette société. Il faudrait en fait répertorier les traits du chamanisme toungouse, et on s’autoriserait alors à appliquer ce terme à toutes les institutions partageant exactement tous ces traits énumérés. Probablement cela couvrirait alors l’ensemble sinon une partie de la Sibérie, mais certainement pas tous les groupes pour lesquels on parle de chamanisme. Toutefois, si l’on en prend les traits principaux, on peut alors utiliser le terme de chamanisme, celle-ci devenant une catégorie, et le chamanisme toungouse un modèle. Car ce que l’on peut comparer ce sont les modèles tirés de ces sociétés, et non les sociétés elles-mêmes, ni leurs rituels.
Cela étant établi, pour placer des éléments, pratiques, institutions, sous la catégorie « chamanisme » il faut donc de la rigueur. Ainsi, lors du Congrès International sur le chamanisme de 1997, on a pu assisté à des communications soulevant le problème du « développement des pratiques dites alors chamaniques, auprès d’Européens en mal d’exotisme » ; et à ce sujet deux avis s’opposaient, l’un déniant le caractère « chamanique » (D.Vazeilles), l’autre ne voyant pas de raison illégitime qui interdirait cette dénomination, puisque selon C. Kappler, l’Europe avait jusqu’au Moyen Âge des pratiques également « chamanique », citant J. Favret-Saada (Les Mots, la Mort, les Sorts), donc associant la sorcellerie au chamanisme.

Le débat, loin d’être fini, pose toujours problème. Dans l’application du terme « chamanisme » à d’autres sociétés, il convient de justifier ce choix par une description précise des faits et pratiques qui forme le modèle que l’on veut comparer au modèle toungouse. Pour utiliser le « chamanisme » comme élément de comparaison, il faut en effet pouvoir comparer des modèles entre eux.

Principes du chamanisme

Le Chamane (ou Chaman) est la personne qui, dans les sociétés traditionnelles, peut se mettre en rapport avec ce que l'on appelle, en Europe, l'Au-delà,le monde des esprits et des morts. Pour ce faire, il a la possibilité de quitter son corps. Il se consacre souvent à la guérison des maladies. On considère parfois que le Chaman se met aussi en rapport avec l'au-delà par le moyen de songes, de visions (Quête de vision) ou de pratiques médiumniques (possession par les esprits). Il ne faudrait cependant abuser du terme de «Chaman»: le médium qui invite un esprit à entrer dans son corps et en perd le contrôle fait exactement le contraire du Chaman sibérien, qui conserve toutes ses facultés.
Né chez les chasseurs-cueilleurs du paléolithique, le chamanisme avait pour but de répondre aux besoins essentiels de cette époque: trouver du gibier. Les peuples de Sibérie ou les Indiens d'Amérique du Nord vivant de la chasse, ses fonctions primitives y ont été conservées. On croît que les animaux sont animés par des esprits. Le chaman les rejoint dans le monde non sensible de la «surnature». Pour se faire, il doit lui-même se transformer en animal et épouser la fille de l'esprit donneur de gibier, qui lui servira de guide. Cet esprit a souvent la forme d'un cerf. Les gesticulations du chaman, que les Européens ou parfois pris pour de la folie, ne sont rien d'autre que la manifestation de sa nature animale. De son épouse, à l'aide de séduction et de ruse, il obtient des promesses de gibiers, animaux qui viendront donner aux chasseurs leur principe vital. Mais la chasse est un échange: les esprits des chasseurs sont eux-mêmes dévorés, ce qui leur cause des maladies et conduit à une mort inéluctable. Le rôle du chaman n'est pas, normalement, d'y remédier. Il doit seulement faire en sorte que l'échange se produise.
Les femmes chamans (les chamanesses) sont peu nombreuses. Elles ont surtout une fonction de voyance et de divination, grâce à leur connivence avec des esprits des morts.

Le passage au néolithique, avec la naissance de l'agriculture, provoque une importante mutation du chamanisme. La survie de la communauté ne dépend alors plus des esprits des animaux, mais d'esprits à caractère humain, notamment de ceux des ancêtres. Le monde des esprits, auparavant confiné à la forêt, s'étire vers le haut et le bas, vers ce qui deviendra le Ciel et les Enfers. Ce monde non phénoménal est souvent perçu comme étant une échelle à barreaux ou encore parfois un arbre, avec ses branches et ses racines. Le Chaman est celui qui a la capacité de monter et descendre le long de ces différents niveaux de réalité, vers le Ciel ou les Enfers, de rencontrer des entités des mondes supérieurs et inférieurs (des esprits, par exemple) et de ramener de son voyage conseils, soins et pouvoirs "magiques", expansion de conscience etc.

Ainsi, pour effectuer un soin, le chamane entre d'abord dans un état de conscience modifié par le biais de transes et d'extases provoquées, par exemple, par des techniques de visualisation, de respiration, la musique, la danse ou l'utilisation de plantes psychoactives. Cet état est censé lui permettre d'accéder au monde non phénoménal. Il est souvent aidé par un ou plusieurs esprits alliés (animaux, plantes, objets ou même ancêtres) et doit alors faire face à la maladie de son patient, qui peut être visualisée sous la forme d'un monstre ou d'un mauvais esprit. Il utilise un ensemble de techniques choisies en fonction de sa situation et de sa culture, et qui peuvent aller de l'aspiration du mauvais esprit au don d'énergie... À la fin du processus, le patient est souvent censé avoir récupéré un morceau de son âme qui lui aurait été volé, ou avoir fait sortir hors de son corps un mauvais esprit.

Au stade néolithique, les chamanesses sont plus nombreuses que les chamans hommes. Une religion organisée, avec des prêtres, des dogmes et une liturgie, repousse dans l'ombre les chamans hommes, qui sont par nature indépendants
Le chamanisme dans le monde

Le chamanisme a existé en Chine. Il a été repris par le taoïsme. Selon un ouvrage du IIIe siècle, le Baopuzi, le prêtre connaît des voyages extatiques qui l'emmènent au ciel, où il peut rencontrer des dieux, des ancêtres, ou trouver des remèdes médicaux. Il est aidé par des animaux, dragons, tigres ou cerfs. Une caractéristique générale des chamans est justement de pouvoir se rendre au Ciel ou dans les Enfers.

Il y a des exemples très nets de chamanisme dans le monde indo-européen, surtout dans sa mythologie. Ainsi, le dieu Odin des Scandinaves peut quitter son corps, qui git alors comme endormi, sous une forme animale, et voyager là où il le désire. Il possède un cheval à huit pattes, très rapide, qui est aussi identifé à un arbre cosmique (Yggdrasill) semblable à celui utilisé par les chamans lors de leurs voyages. Par ailleurs, Odin est un grand magicien et il peut forcer les morts à livrer les secrets de l'Au-delà, ce qui est une prérogative du Chaman. Dans la Grèce antique, on connaît le poète Aristéas, originaire de l'île de Proconnèse. Il était transporté au loin lors de «délires apolliniens» (Apollon étant un dieu apparenté à Odin). Il abandonnait son corps, qui gisait comme mort. Sur son île, une statue le représentait à côté d'Apollon (Hérodote, IV, 13-15). Pline l'Ancien rapporte qu'elle représentait son âme quittant son corps sous la forme d'un corbeau.
En vérité, la cosmologie indo-européenne est conforme au chamanisme néolithique: l'univers est constitué de trois mondes, le Ciel, la Terre et les Enfers, qui sont reliés par un arbre. La voyance, la divination ou la magie sont plus l'affaire des femmes que des hommes (d'où les croyances aux sorcières). Le chamanisme masculin se voit relégué dans la mythologie tandis que les fonctions sacerdotales sont exercées par une classe de prêtres.

Les Scandinaves considéraient leurs voisins lapons (de langue finno-ougrienne) comme de grands magiciens. Ils appelaient aussi ce peuple les Sames. De toute évidence, le chamanisme était très développé chez eux. Les chamans sames, les noai'de, étaient surtout des femmes. Leurs pratiques ont été décrites au XIIIe siècle dans l'Historia Norwegiae. Ils officiaient grâce à des assistants qui chantaient et ils utilisaient un tambour (comme leurs homologues sibériens) et un marteau de corne. Ils pouvaient prendre une forme animale pour aller se battre contre un confrère, découvrir un voleur ou même le mutiler à distance, attirer le gibier à portée des chasseurs ou le poisson dans le fjord, provoquer des états d'hypnose ou d'illusion des sens. Les Finno-Ougriens sont originaires des forêts du nord de la Russie. D'une manière ou d'un autre, une analyse fine du chamanisme le fait toujours provenir du nord de l'Eurasie.

En Corse, peut être trouvé U Mazzeru. Le Mazzeru n'est pas toujours considéré comme faisant partie de ce monde à part entière. N'étant ni du monde des vivants, ni du monde des morts, il se situe plutôt à la limite de ces deux mondes. Il est également désigné, selon les régions, sous les noms de Culpadore, d'Acciacatore et bien sûr de Mazzeru. Ces trois termes sont formés à partir des verbes acciacà, culpà, amazzà, qui signifient « tuer » en frappant. Cette fonction de tuer provient de la capacité du Mazzeru à « chasser en rêves ». Lors du sommeil du Mazzeru son double spirituel va dans le monde des rêves participer a une partie de chasse, le Mazzeru tuant le premier animal (sauvage ou domestique) qu'il croise. En retournant la bête sur le dos, la tête de celle-ci se transformera en visage humain. Cet humain, connu du Mazzeru, est condamné à mourir entre trois jours et un an plus tard. Hommes et femmes peuvent être des Mazzeru, même si les femmes sont réputées être plus acharnées que les hommes dans leur façon de tuer.

Le français Mario Mercier, écrivain, poète, artiste est l'un des rares chamanes français aujourd'hui en activité, a publié il y a quelques années un "Manifeste pour un nouveau Chamanisme"
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drakaon
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